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ABOUT ME

 

Le Projet

 

 

“Quatre destins dans quatre villes d’Europe” c’est le point de départ du projet de documentaire des journalistes et réalisateurs Rudy Saada et Anthony Lesme. Leurs personnages ont en commun un combat au quotidien pour que vive la culture juive dans des quartiers autrefois très vivants, devenus de simples attractions touristiques. A Cordoue, Cracovie, Venise et Berlin, le documentaire posera à travers le patrimoine et l’humain une question malheureusement plus que jamais d'actualité: Y a-t-il un futur pour les juifs en Europe ?

 

Pourquoi maintenant ?

“Incompréhensible”, “inexplicable”, "surprenant", l’Europe découvre ébahie et impuissante la résurgence d’un antisémitisme que la conscience de la Shoah semblait avoir mis en sommeil pour quelques siècles.

 

Pour traiter ce sujet, Rudy Saada et Anthony Lesme ont décidé de prendre le contre-pied des enquêtes déjà menées sur la question . “On voulait remplacer les chiffres et les statistiques par l’humain”, explique Anthony Lesme.“Et surtout ne pas apporter de réponse définitive, laisser les expériences des personnages dessiner un fait: hormis en France et en Grande Bretagne, la présence juive n’est célébrée en Europe que par le biais de la mémoire et du patrimoine”.

 

Les deux amis se sont rencontrés à la naissance de la chaîne info i24news à Tel Aviv en 2013. Depuis, Rudy a dirigé la rédaction tout en présentant le 20h, et Anthony est revenu à Paris pour réaliser des enquêtes pour la chaîne Arte.

 

Le projet est né en 2017, mais l’actualité a depuis rattrapé les deux réalisateurs : en quelques semaines, des croix gammées viennent salir partout en Europe des stèles du souvenir, des Juifs sont menacés, des cimetières profanés. Les médias s’en inquiètent et en font leurs gros titres. Les experts défilent sur les plateaux de télévision sans pouvoir finalement expliquer pourquoi la parole antisémite se libère.

 

“C’est un thème pesant et difficile à aborder”, souligne Rudy, “l’idée des Gardiens du Temple est d’être assez esthétique et agréable pour embarquer le spectateur dans la réflexion sans le brusquer. Le combat de nos personnages traduit toute la diversité du Judaïsme européen, mais aussi la complexité des problèmes quotidiens auxquels ils font face”.

 

“En même temps, il y a un renouveau de la culture juive en Europe", ajoute Anthony, "à Belmonte au Portugal, une communauté de Maranes se structure; à Berlin, 20 000 Israéliens sont venus s’installer ces dernières années, il y a un frémissement”. Comme si les événements des derniers mois en Europe étaient venus accélérer le projet.

 

L’Origine du projet

 

Car ce projet est au départ très personnel. En juin 2017, Rudy Saada épouse Lise à Cordoue. Une ville visitée un an et demi auparavant au cours d’un voyage. “Nous sommes tombés sous le charme des ruelles de la Juderia (le quartier juif), de son héritage, c’est comme si la statue de Maïmonide, posée là en 1986, nous invitait à organiser le premier mariage juif à Cordoue depuis l’Inquisition”, raconte Rudy Saada.

 

 

Invité aux festivités, Anthony partage cette impression : “Il y avait une ambiance magnifique, l'accueil des locaux était très chaleureux, le gardien de la Casa des Sefarad où nous avons célébré le Shabbat avait appris des chants judéos-andalous en l’honneur des mariés”.

 

Deux mois plus tard, Rudy Saada se rend à Venise pour réaliser un reportage sur le Ghetto Vecchio, le plus vieux quartier juif d’Europe.

“Je venais de terminer une interview avec Marcella Ansaldi, la conservatrice du Musée Ebraico de Venise. Elle était très touchante. Elle se battait pour que vive le Judaïsme vénitien. Quand elle m’a expliqué que pour célébrer une bar mitzvah, ils sortaient exceptionnellement les rouleaux de la Torah du musée pour les remettre le temps d’un instant dans la synagogue, j’ai compris que la vie juive à Venise n'était pas loin de s’éteindre”. Pourtant parmi les 20 millions de touristes qui visitent la lagune, nombreux sont ceux qui apprécient la balade dans le Ghetto Vecchio, loin du tumulte du Palais des Doges.

 

Au détour de cette place défraîchie, une plaque. Elle commémore ceux et celles que la barbarie nazie a arrachés à la vie, et à la vie de ce quartier.

 

 

“Rudy m’a parlé de son sentiment à son retour de Venise, et j’ai tout de suite pensé à Cracovie, où un festival réunit chaque année 30 000 personnes qui célèbrent la culture juive. Parmi ces 30 000 personnes, très peu de Juifs. La communauté juive de ce quartier a été décimée et il n’en reste presque rien.” En continuant la discussion, une dizaine de cas similaires sont apparus : Budapest, Malte, Salonique… “On s’est rendu compte que l’Europe était devenue un grand musée juif”.

 

Pour sortir du documentaire sociétal ou de tourisme, les deux comparses décident alors de se concentrer sur l’humain. “On a beaucoup lu et cherché des histoires fortes”, se rappelle Anthony.

 

“J’aime les personnages solaires, ceux qui se battent jusqu’au bout même si leur combat s'effectue contre des moulins", insiste Rudy, "on a découvert des gens et des histoires formidables, on les a contactés, et on a compris qu'on était sur la bonne voie”.

 

Des personnages solaires

 

“Il y a 30 ans, je ne savais pas ce que voulait dire le mot “juif”, je ne savais même pas qu’ils existaient et qu’ils avaient été aussi nombreux en Pologne”. Janusz Makush avoue volontiers son ignorance première. Ce Polonais catholique de Cracovie s’est depuis bien rattrapé. Il organise, chaque année depuis 28 ans le plus grand festival de culture juive européenne. 130 000 Juifs habitaient à Cracovie avant la Shoah, une communauté entièrement disparue et qui reprend vie, le temps d’une semaine, grâce à Janusz et son équipe de bénévoles. Une petite étincelle a aussi rallumé la flamme d’une histoire millénaire, de l’autre côté de l’Europe, en Méditerranée occidentale.

 

En Espagne, à Cordoue, Sébatian de la Obra a créé un musée juif dans une maison attenante à l'ancienne synagogue. “Les Espagnols ont perdu la mémoire” constate Sebastian en rappelant une réalité: “La seule fois où des Espagnols ont vu des Juifs, c’est dans des films qui évoquent la Shoah”. La mémoire est revenue, ces dernières années, pour certains Espagnols qui redécouvrent leurs origines. Comme Sebastian de la Obra, plusieurs sont Marannes, descendant de Juifs qui ont dû cacher leur pratique des siècles durant, jouant aux Chrétiens pour sauver leur vie mais allumant les bougies du Shabbat en cachette.

 

Joseph Schuster, Marcella Ansaldi, Janusz Makuch et Sebastiàn de la Obra

 

“Notre musée est un lien entre le passé et le futur” répète Marcella Ansaldi. Cette Vénitienne, conservatrice du musée Ebraico, est issue des 50 familles juives qui ont échappé aux camps de concentration. Pour elle, le passé s’incarne dans son musée mais aussi dans les souvenirs que sa mère lui raconte, elle qui est la Juive vénitienne la plus âgée encore en vie. Le futur, symbolisé par sa fille partie vivre en Israël, est incertain. Les jeunes quittent la Sérénissime.

 

Joseph Schuster a fait le chemin inverse. Ses parents qui avaient fui l’Allemagne en 1938 sont retournés dans leur pays en 1958. Si la moitié de la famille a péri à cause des Nazis, Joseph a toujours été persuadé que l'avenir était à nouveau possible pour les Juifs en Allemagne. A condition d’endiguer la résurgence des actes antisémites, un combat qu’il mène au quotidien dans les écoles. Ils sont désormais 50 000 juifs, dont 20 000 Israéliens, à vivre dans la ville où les Nazis ont organisé “La Solution Finale”.

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